CPE Le Jardin des Frimousses
CPE Le Jardin des Frimousses
CPE Le Jardin des Frimousses

Un article de Louise Leduc paru dans La Presse du 6 décembre 2015

GARDERIES
DES EXIGENCES ILLOGIQUES, SELON UNE SPÉCIALISTE
Conseillère en économie sociale, Christine Hernandez aide depuis plusieurs années des CPE à y voir clair dans les briques de règles gouvernementales qui les encadrent. Elle met ici en lumière quelques réalités avec lesquelles les CPE doivent composer, réalités qui, à son avis, modifient sérieusement le portrait brossé par le gouvernement.

« DÉBROUILLEZ-VOUS AVEC LES BANQUES »

Les CPE sont désormais obligés de négocier eux-mêmes avec les banques pour tout développement de places. « On dit aux CPE : on vous finance à 50 %, débrouillez-vous avec les banques pour trouver le reste. Or quand le gouvernement allait négocier pour tous les CPE, les banques lui accordaient des taux d’intérêt autrement plus intéressants qu’à la pièce. Les CPE s’endettent de 400 000 ou 500 000 $ auprès des banques, à de moins bonnes conditions. »

DES ENGAGEMENTS NON RESPECTÉS

« Les CPE ont aussi vécu comme une trahison le fait que le gouvernement n’ait pas financé les augmentations d’échelles salariales comme il s’y était engagé. Dans ces conditions, les négociations à venir avec les services de garde [qui se font à part de celles, en cours, du secteur public] s’annoncent plutôt difficiles. » Les CPE n’ont-ils pas longtemps conservé de gros surplus dans leur petite caisse ? « Oui, mais c’était à la demande expresse du gouvernement, qui faisait de cette capacité d’un CPE à financer lui-même la création de nouvelles places le critère premier dans l’octroi de ces places ! »

LA RÉALITÉ DERRIÈRE « LES PLUS PERFORMANTS »

Le gouvernement veut amener les CPE à être aussi économes que le tiers d’entre eux qui sont les plus performants (en termes financiers). « Or en banlieue, vous avez des municipalités qui, pour attirer de jeunes familles, donnent des terrains et construisent à leurs frais des CPE en leur demandant des contributions minimales. Vous avez aussi des promoteurs immobiliers qui, pour vendre plus facilement les 150 maisons qu’ils construisent, ajoutent un CPE dans leur projet. À côté de cela, vous avez des CPE en pleine ville qui paient le gros prix pour leurs locaux. »

DES DÉPENSES MAL PRISES EN COMPTE

Mme Hernandez rappelle aussi que le prix du panier d’épicerie a énormément augmenté, ces dernières années, pour les familles comme pour les CPE. En outre, des CPE comptent des éducatrices à l’ancienneté variable et, ainsi, des salaires différents à payer selon les échelons de chacune.

DE 42 881À 57 155 $
C’est le salaire d’une directrice adjointe. Des sommes trop élevées ? Mme Hernandez n’en croit rien. « Ceux qui dirigent un CPE typique gèrent un budget de 1 million et 15 à 20 employés. C’est l’équivalent d’une entreprise moyenne et les salaires versés sont dans les normes, sans plus. Et à l’heure actuelle, ce que je vois sur le terrain, c’est qu’au lieu de couper ailleurs, bon nombre de directrices réduisent d’elles-mêmes leurs heures. » L’échelle de salaire d’une directrice générale varie d’un minimum de 56 120 $ à un maximum de 100 300 $, selon la classe dans laquelle elle se trouve.

DES LOCATIONS OBLIGÉES

« Avant, les CPE achetaient ou construisaient des bâtiments. Maintenant, le gouvernement les oblige à louer des locaux. Ç’a vite fait de leur coûter beaucoup plus cher que s’ils étaient propriétaires. D’un point de vue financier, c’est n’importe quoi », note-t-elle. En ville, les locaux loués peuvent coûter facilement 25 $ le pied carré, souligne-t-elle, auxquels s’ajoutent des taxes municipales de 20 000 à 40 000 $ par année, puisqu’il s’agit de baux commerciaux.

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