CPE Le Jardin des Frimousses
CPE Le Jardin des Frimousses
CPE Le Jardin des Frimousses

Article de Denis Lessard dans La Presse

On en avait parlé au printemps, quand Yves Bolduc avait quitté son poste de ministre de l’Éducation et claqué la porte du gouvernement. Cela avait été évoqué par la suite pour le mois de juin, puis pour la fin de l’été dernier.

L’heure semble avoir sonné cette fois. La colline Parlementaire croule, comme souvent, sous les conjectures, mais cette fois, les astres semblent s’aligner.

Philippe Couillard compte remanier bientôt son conseil des ministres, très probablement avant les Fêtes. Bien sûr, il a dû presser le pas au cours des dernières semaines, essoufflé par la cascade des événements. Fin de session parlementaire, deux allers-retours à Paris – il rentrera demain soir –, après une mission où il s’est souvent retrouvé sur la sellette. En outre, il n’est pas évident de procéder à un jeu de chaises musicales quand les négociations dans le secteur public ne sont pas terminées. Il reste deux réunions du Conseil des ministres, mercredi prochain et une ultime réunion, encore prévue pour l’instant, le 22 décembre. Hier, mettant un terme à sa participation à la COP21 à Paris, il s’est amusé des questions sur un brassage de cartes éventuel : « Je ne sais pas de quoi vous me parlez », a-t-il ironisé.

L’autre option, attendre à janvier, présente certains avantages : M. Couillard part dans le Sud pour deux semaines avec sa conjointe, et reviendrait plus reposé le 15. Mais il doit repartir quatre jours plus tard pour la réunion annuelle du World Economic Forum de Davos. En résumé, la fenêtre est bien étroite, un argument pour régler les choses avant de partir pour les Fêtes.

Régler quoi ? D’abord, l’engagement pris envers Dominique Anglade, la flamboyante présidente de Montréal International qui n’a pas quitté un emploi à plus de 200 000 $ par année pour occuper l’arrière-ban. La rumeur l’envoie à un nouveau secrétariat à l’innovation et à la technologie, construit à partir d’effectifs du développement économique et du ministère de l’Éducation. Il y a aussi cette autre promesse, plus ancienne, faite à l’ancien leader parlementaire de l’ADQ Sébastien Proulx, élu le printemps dernier dans Jean-Talon, « un comté à ministres ». Déjà, Proulx a été nommé secrétaire parlementaire à la Sécurité publique, il est en lice pour devenir leader parlementaire adjoint, mais Philippe Couillard voudra sans doute faire monter ce soldat qu’il avait attiré dans son cabinet dans un premier temps.

Faire monter des nouveaux est plus facile à dire qu’à faire. Chez les simples députés qui, souvent, ont de longs états de service à l’Assemblée nationale, le parachutage de ces nouveaux élus est difficile à avaler. La tension a éclaté lors d’une réunion du caucus il y a quelques semaines.

Une autre question doit être réglée. Lise Thériault, en convalescence, n’a pas donné de nouvelles depuis bien longtemps. Elle n’irait pas mieux qu’au moment de son départ, lors de la crise des femmes autochtones de Val-d’Or. Son poste à la Sécurité publique est occupé par intérim par Pierre Moreau, qui a conservé les Affaires municipales. En coulisse, on indique que Moreau compte bien rester à la Sécurité publique, qu’après la signature du Pacte fiscal avec les municipalités, il aspirait à de nouveaux défis. Ceux qui le côtoient au Ministère sont convaincus qu’il est là pour longtemps. Lise Thériault ne reviendra pas avant un bon moment, on lui réserverait une place moins stressante à son retour, à moins qu’elle demande une nomination à la tête d’un organisme public.

Plusieurs ministres sont sûrs de ne pas bouger. Carlos Leitao aux Finances, Gaétan Barrette à la Santé, Martin Coiteux au Trésor, bien que, selon certains, ce dernier souhaite passer à un autre dossier après les négociations avec le secteur public. Pierre Arcand aux Ressources naturelles est vu comme « une force tranquille » ; il est peu susceptible d’être réaffecté.

Jacques Daoust au Développement économique compte bien des détracteurs chez les libéraux et l’aide généreuse de Québec à Bombardier n’a pas amélioré sa cote. Certains le voient même aux Relations internationales, mais en cette fin de session, la colline Parlementaire croule sous les suppositions. Idem pour David Heurtel : il y a quelques mois, tout le monde le destinait à l'arrière-ban. Il aurait consolidé son avenir dans les dernières semaines et resterait sinon à l’Environnement, du moins au sein du Conseil des ministres.

« Lieutenant » de Philippe Couillard durant la course à la direction du PLQ, Sam Hamad, responsable du Travail et de l’Emploi, est un ministre très actif. Même s’il fait sourire les Montréalais, le ministre de Québec « se démène, travaille fort et fait de la politique », résume-t-on. Depuis des mois, il est en campagne ouverte pour obtenir le poste de l’économie, mais bien malin qui peut prédire s’il obtiendra gain de cause.

Une carte-surprise, un retour de Julie Boulet au sein du Conseil est prévisible. La populaire députée de Laviolette, libérée de la menace d’un « blâme » de la commission Charbonneau, n’a jamais été remplacée comme ministre de la Mauricie, en dépit de la nomination de Jean Denis Girard, le responsable de la déréglementation.

Ce dernier, effacé, laissé souvent dans l’ombre par son ministre de tutelle Jacques Daoust, n’est pas certain de rester au sein du Conseil des ministres. Une autre qui risque une rétrogradation est Francine Charbonneau, la responsable de la Famille. Ses réponses mal assurées dans le dossier explosif de l’organisation et du financement des CPE inquiètent les stratèges libéraux.